Si vous êtes professionnels de la petite enfance diplômés d’une formation petite enfance notamment d’un CAP Petite Enfance, vous connaissez probablement P.A.R.L.E.R., ce programme de développement du langage précoce utilisé dans plus d’une cinquantaine de crèches sur l’ensemble du territoire. Il est né de la collaboration entre des chercheurs et des professionnels (les) de la petite enfance. Ce projet a été porté par Michel Zorman, médecin grenoblois.
Enseigner de manière intensive
Le dispositif de prévention P.A.R.L.E.R Bambin (Parler Apprendre Réfléchir Lire Ensemble pour Réussir) a été mis en place en 2005. Il vise à enseigner de manière intensive aux enfants, les compétences nécessaires à l’apprentissage de la lecture, à développer la langue orale et à construire une culture de l’écrit pour que chacun puisse réussir au mieux de son potentiel. Le Dr Zorman s’est inspiré des programmes de prévention précoce de l’échec scolaire mis en œuvre aux USA et au Canada dont les effets positifs ont été démontrés par des études scientifiques. En mettant en place ce dispositif, il voulait agir en amont des difficultés rencontrées en premier cycle. Selon lui et son équipe, « les capacités acquises précocement en langage oral ont une incidence sur l’apprentissage et le niveau de maîtrise du langage écrit ».
L’importance de l’environnement de l’enfant sur ses acquisitions
Donc, dans ses travaux, il met en évidence l’influence de l’environnement de l’enfant sur ses acquisitions en matière de langage pour les 2-3 ans et qui auront un impact certain sur les apprentissages scolaires.
Depuis le décès du Dr Zorman, c’est l’ANSA (Agence Nationale des Solidarités) qui coordonne la formation et souhaite voir le dispositif se déployer sur l’ensemble du territoire. C’est un dispositif généreux et ambitieux de la politique sociale au nom de la lutte contre les inégalités sociales mais, qui est controversé.
L’objectif du dispositif : réduire les inégalités de langage
Le Dr Michel Zorman est parti du constat que les enfants présentaient de nombreuses différences en matière de langage selon les milieux sociaux. Les enfants ne naissent pas égaux, mais la plupart des troubles se récupèrent quand ils ne sont qu’un retard. En effet à 4 ans, un enfant de milieu social défavorisé a entendu 30 millions de mots de moins qu’un enfant de milieu favorisé. C’est tout le constat qu’avait fait dans son rapport intitulé « Investissons dans la petite enfance, l’égalité des chances se joue avant la maternelle » paru en mai 2017, le think tank Terra Nova. Cet écart va se répercuter sur le langage des enfants entrant en CP puisque l’éducation nationale a des difficultés pour rattraper ces inégalités de langage et de les réduire. C’est pourquoi P.A.R.L.E.R. Bambin est « une précaution, une prévention » puisque le langage étant un facteur d’intégration sociale qui détermine le destin scolaire des enfants.
Des troubles du langage aux nombreuses conséquences
En effet, les troubles du langage importants chez les petits peuvent avoir des conséquences qui seront présentes tout au long de la vie (problèmes de comportements, échec scolaire, moins de qualification, emploi moins bien rémunéré, etc.).
Dans les structures qui participent à ce dispositif, l’acquisition du langage prend une place importante dans la pratique des professionnels (les) de la petite enfance. Ils (elles) appliquent ce programme selon leur sensibilité en adoptant des pratiques pour favoriser le langage au quotidien. En effet, les enfants sont sollicités tout au long de la journée en partant de leurs centres d’intérêt ce qui leur permet ainsi d’engager la conversation. L’objectif étant de parler avec l’enfant plutôt que de parler à l’enfant.
Dans ce dispositif, les parents sont impliqués ce qui permet de les sensibiliser à l’importance de parler à l’enfant même bébé afin de développer avec les professionnels de la petite enfance une véritable coopération. C’est bien l’une des clés de la réussite du programme puisque les parents sont les « premiers témoins acteurs de l’évolution de leur enfant ».
Un non-respect des rythmes de l’enfant
La mise en application du dispositif P.A.R.L.E.R. Bambin repose sur les professionnels (les) de la petite enfance. Les résultats semblent prometteurs bien qu’ils (elles) mettent en garde contre « un certain formatage des pratiques professionnelles et du non respect des rythmes de l’enfant ». C’est pourquoi le programme mérite une évaluation plus scientifique. « Une étude nationale a été débutée en 2016 et s’étendra sur quatre années » comme le souligne l’ANSA et ajoute : « Trois phases sont prévues : analyser et observer P.A.R.L.E.R. Bambin dans les pratiques professionnelles, analyser les effets sur les enfants, analyser l’implication des parents. Il faudra une sensibilisation des équipes en amont ». L’ANSA « peut venir présenter le projet auprès des équipes dans les structures. La phase de formation initiale est constituée de 7 modules pendant six mois ».
Des activités pour instaurer un dialogue avec l’enfant
P.A.R.L.E.R. Bambin n’est peut-être pas la solution miracle mais, ce programme a le mérite de vouloir donner les mêmes chances à tous les enfants dans l’acquisition du langage et ainsi lutter contre les inégalités sociales. Surtout que dans le référentiel du nouveau CAP Petite Enfance, le CAP Accompagnant Educatif Petite Enfance (CAP AEPE), les futurs professionnels de la petite enfance sont invités à participer à l’acquisition du langage par différentes activités pour instaurer un dialogue avec l’enfant. Il sera notamment demandé aux futurs professionnels de la petite enfance d’utiliser en structures de la petite enfance un vocabulaire simple et précis. Le ou la professionnelle de la petite enfance devra encourager l’enfant à s’exprimer.
Votre CAP AEPE à distance avec Espace Concours
Vous voulez travailler dans le secteur de la petite enfance ? Devenir notamment accompagnant éducatif petite enfance ? Pour cela, préparez-vous au CAP Accompagnant Educatif Petite Enfance (CAP AEPE) par correspondance avec Espace Concours.
Crédit photo : Les pros de la petite enfance
