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Publié le 20/11/2020 -
1 min de lecture

[Dossier] La parentalité

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La notion de parentalité renvoie de manière large au fait « d’être parent ». Ici, le parent ne désigne pas seulement le géniteur biologique de l’enfant, mais toute personne ayant la responsabilité d’élever un enfant. Cette notion implique plusieurs dimensions différentes telles que la responsabilité juridique, l’éducation, les relations affectives, et enfin, de manière plus large, la famille.

  • La perception de la parentalité à l’origine : des rôles familiaux genrés
  • Une parentalité qui se transforme face aux mutations familiales
  • La monoparentalité : élever un enfant tout(e) seul(e)
  • L’homoparentalité : une tribu nommée désir
  • La parentalité recomposée : cohabiter avec un enfant qui n’est pas le sien
  • L’accompagnement à la parentalité : nouvelle mission des professionnel(le)s de la Petite Enfance
  • Quelle place dans la société pour l’enfant aujourd’hui ?
  • Ce que nous pouvons en conclure

C’est le psychiatre Paul-Claude Racamier qui l’introduit dans la langue française au début des années 1960. Il est dérivé du terme anglais « parenthood », développé par la psychiatre américano-hongroise Therese Benedek. Dans le domaine psychiatrique, il fait ainsi référence au processus de développement psychologique d’un adulte par lequel ce dernier devient parent, et doit ainsi assumer les responsabilités qui s’ensuivent pour subvenir aux besoins de l’enfant. « Devenir parent » ne revient pas seulement à être géniteur, mais plutôt traverser un processus psychique personnel qui permet d’entrer dans l’expérience de parentalité.

Le concept de parentalité intègre le dictionnaire en France au début des années 2000, par exemple dans le Petit Larousse qui le définit comme suit : « fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral et socioculturel ». Depuis, le terme de parentalité s’est répandu dans le langage courant, et désigne beaucoup de situations différentes. Découvrons-les :

  • La perception de la parentalité à l’origine : des rôles familiaux genrés
  • Une parentalité qui se transforme face aux mutations familiales
  • La monoparentalité : élever un enfant tout(e) seul(e)
  • L’homoparentalité : une tribu nommée désir
  • La parentalité recomposée : cohabiter avec un enfant qui n’est pas le sien
  • L’accompagnement à la parentalité : nouvelle mission des professionnel(le)s de la Petite Enfance
  • Quelle place dans la société pour l’enfant aujourd’hui ?

La perception de la parentalité à l’origine : des rôles familiaux genrés

Traditionnellement, en Occident, le modèle de la famille nucléaire est une référence. Cette dernière est composée d’un couple hétérosexuel et de leurs enfants. Les parents et leurs enfants sont liés par la filiation biologique, c’est-à-dire que les parents sont les géniteurs biologiques de leurs enfants. De plus, ce modèle familial traditionnel est légitimé par l’institution du mariage. En effet, c’est le mariage, et le couple que forme les parents, qui fonde la famille.

Les rôles sociaux de chaque membre de la famille sont clairement définis : le père est le chef de famille chargé de gagner l’argent pour subvenir aux besoins de la maisonnée ; tandis que la mère s’occupe des tâches domestiques et de l’éducation des enfants.

L’adoption du Code civil en 1804 marque le triomphe du système patriarcal. C’est le « Pater familias » qui règne. Le titre IX stipule :

La puissance paternelle est une autorité que la nature et la loi civile donnent aux père et mère sur la personne et sur les biens de leurs enfants. Tant que dure le mariage, c’est le père qui a l’exercice de cette autorité. […] Les père et mère ont toujours droit, de la part de leurs enfants, au respect et à l’honneur. Ils ont sur eux le droit d’éducation et celui de correction.

Seule l’« autorité paternelle » est reconnue par la loi. Le père est le véritable chef de famille, à qui les autres membres de la famille doivent respect. Le « Pater familias » est aboli en 1970, remplacé en « autorité parentale », c’est-à-dire que l’autorité est désormais exercée par les deux parents. La mère détient enfin une légitimité et une autorité vis-à-vis de l’éducation de ses enfants. C’est l’illustration du rejet d’une forme d’institution familiale et de ses valeurs aux liens avec l’ordre patriarcal.

Une parentalité qui se transforme face aux mutations familiales

En France, les familles « traditionnelles » de parents mariés représentent encore plus de la moitié des familles avec enfants mineurs, mais ce modèle est en baisse. En effet, les structures familiales évoluent : augmentation du nombre de divorces, de familles monoparentales, de familles recomposées, de naissances hors mariages, de couples bi-actifs, diminution du nombre de mariages, de la fécondité, transformation du rôle du père, apparition de nouvelles méthodes de procréation, etc.

Cette mutation des modèles familiaux s’accompagne d’une modification des rôles sociaux attendus de chaque membre de la famille. Depuis les années 1970, c’est légalement la fin de l’autorité paternelle toute-puissante. Les tâches et les fonctions du père et de la mère en deviennent presque interchangeables, ce que le droit reconnaît en établissant une espèce d’indifférenciation dans le statut des hommes et des femmes. C’est le début de l’image d’un nouveau père : il assiste à l’accouchement de sa compagne et prend un congé paternité pour s’occuper de son enfant. Par la suite, il accompagne son enfant à la crèche, l’aide pour les devoirs, et organise ses rendez-vous scolaires et médicaux. Il est tendre là où le Pater familias était dominateur. Par ailleurs, avec notamment la loi Neuwirth de 1967 qui autorise l’usage de contraceptifs, et la loi Veil de 1975 qui légalise une Intervention Volontaire de Grossesse (I.V.G), la femme est désormais maître de son corps et peut décider si, et quand, avoir un enfant. Les femmes sont ainsi de plus en plus nombreuses à exercer une carrière professionnelle, et à retarder le moment de fonder une famille. Elles sont aussi de moins en moins nombreuses à arrêter définitivement de travailler à la naissance de leurs enfants.

Cependant, cette tendance est tout de même à nuancer. Dans un couple hétérosexuel, la femme est toujours celle qui exerce le plus d’activités ménagères et liées à l’éducation des enfants, tandis que la figure paternelle comme chef de famille reste prégnante.

Face à tous ces bouleversements, la parentalité va devenir ainsi un terme générique de l’évolution de la structure familiale : homoparentalité, pluriparentalité, monoparentalité, parentalité recomposée, etc.

La monoparentalité : élever un enfant tout(e) seul(e)

La monoparentalité est une situation dans laquelle un parent est seul pour élever son ou ses enfants. Elle est la conséquence de multiples raisons, et peut être subie ou désirée (veuvage, célibat, divorce, etc.). Aujourd’hui, environ 20% des familles avec enfants sont des familles monoparentales.

Proportion et structure des familles monoparentales (Source, INSEE)

La monoparentalité est généralement liée à un problème de précarité. Il est en effet généralement plus aisé d’assumer les charges financières liées à l’éducation d’un ou plusieurs enfants lorsque le couple peut se partager les dépenses. Les enfants qui vivent dans des familles monoparentales sont donc plus souvent en situation de pauvreté que les autres. En 2011, 1/3 des enfants mineurs qui vivent dans un ménage pauvre sont dans des familles monoparentales.

De plus, un phénomène nouveau commence à se dessiner. De plus en plus de situations de monoparentalité sont désirées, et des femmes décident de « faire un bébé toutes seules ». En septembre 2019, l’Assemblée nationale vote l’accès à la Procréation Médicale Assistée (PMA) pour toutes les femmes, y compris les femmes célibataires. Cela attise le débat sur la forme que devraient prendre les familles ainsi que la place et l’importance du père dans le schéma familial. Ce choix de vie inverse le schéma familial traditionnel, c’est désormais l’enfant d’abord, et le conjoint ensuite.

L’homoparentalité : une tribu nommée désir

La notion d’homoparentalité est très récente ! Avec la légalisation du mariage et de l’adoption pour personnes de même sexe en France en 2012, les familles homoparentales sont enfin reconnues légitimes aux yeux de la loi française.

Une famille homoparentale est une famille dans laquelle un parent, ou un couple de parents, revendique une orientation homosexuelle. L’homoparentalité recouvre des situations différentes de parentalité. En effet, il existe plusieurs possibilités pour les couples homosexuels pour avoir un enfant :

  • Enfants nés d’une première union hétérosexuelle : c’est la situation la plus répandue.
  • Adoption
  • Co-parentalité : c’est un projet de parentalité exercé par un homme et une femme, qui sont respectivement en couple avec des personnes de même sexe.
  • Procréation Médicalement Assistée : cette procédure est désormais légalisée pour les couples de femmes.
  • Gestation Pour Autrui (interdite en France)

Difficile d’évaluer précisément le nombre d’enfants élevés par des couples homosexuels. Selon des chiffres avancés par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), il y aurait 200 000 à 300 000 enfants élevés par au moins un parent homosexuel en France, et 11 % des femmes lesbiennes et 7 % des hommes homosexuels seraient parents.

Avec la reconnaissance juridique des familles homoparentales, c’est aussi une victoire pour la reconnaissance du « parent social ». En effet, les familles homoparentales font la distinction entre le « parent légal » et le « parent social », le parent légal étant celui qui détient un lien biologique ou d’adoption avec l’enfant, et le parent social étant celui qui n’a pas de statut juridique vis-à-vis de l’enfant. Avant 2012, il était en effet impossible pour une personne homosexuelle d’adopter l’enfant de son conjoint. Bien qu’ayant participé entièrement au projet parental, le parent social n’étant pas légitime aux yeux de la loi, il n’avait donc aucun droit ou devoir vis-à-vis de l’enfant. Cela posait notamment beaucoup de problèmes en cas de séparation du couple, ou de décès de l’un des parents. Au final, c’était surtout l’enfant qui souffrait le plus de ce vide juridique. Grâce à la légalisation du mariage et de l’adoption pour les personnes de même sexe, le parent social est enfin reconnu comme parent à part entière aux yeux de la loi.

Vidéo : Familles homoparentales : quel impact pour les enfants ?

La parentalité recomposée : cohabiter avec un enfant qui n’est pas le sien

La parentalité recomposée est liée à la notion plus courante de « famille recomposée », c’est-à-dire un couple vivant avec au moins un enfant dont un seul des conjoints est parent. Cela implique de nouveaux membres et nouvelles relations dans la famille : les demi-frères et sœurs avec ou sans parent commun, ainsi que la belle-mère et le beau-père.

Jusqu’à la moitié du XXe siècle, la grande majorité des unions étaient rompues par le décès de l’un des conjoints. Les recompositions familiales concernaient donc des enfants orphelins dont le parent se mariait de nouveau, faisant entrer dans la famille un beau-père ou une belle-mère et leurs enfants potentiels. Aujourd’hui, environ 1/3 des couples divorcent. Ainsi, n’étant plus seulement créées par un veuvage, les familles recomposées contemporaines sont le résultat d’une volonté. L’INSEE estime aujourd’hui que 800 000 enfants vivent dans des familles recomposées.

Cette nouvelle recomposition familiale impose de trouver un nouvel équilibre. Il faut désormais évoluer dans une famille avec un ou des enfants qui ne sont pas les nôtres, ce qui demande parfois de savoir demander de l’aide à un tiers.

L’accompagnement à la parentalité : nouvelle mission des professionnel(le)s de la Petite Enfance

L’accompagnement à la parentalité relève de tous les dispositifs mis en place pour accompagner les parents à exercer leur rôle en mobilisant le meilleur de leurs capacités éducatives et relationnelles. Il suit l’idée qu’être un « bon » parent n’est pas un don naturel, mais bien un apprentissage permanent.

De manière générale, l’accompagnement à la parentalité est composé de beaucoup de niveaux et de formes de suivi différents. En effet, il existe des dispositifs visant à conforter le lien familial (congés parentaux, aides à domiciles, etc.), comme à rétablir le lien familial (séances de médiation familiale), ou à informer les familles ou les enfants (maisons de l’adolescence, contrat local d’accompagnement à la scolarité, etc), mais encore des dispositifs dont le but est d’évaluer et de sanctionner les parents (stages de responsabilité parentale, etc).

De plus en plus de professionnel(le)s de la Petite Enfance doivent désormais présenter des connaissances et compétences pour le soutien et l’accompagnement à la parentalité. Dans le cas des professionnel(le)s de la Petite Enfance qui travaillent en crèche, leur métier consiste ainsi à accueillir et prendre soin des enfants, mais aussi à conseiller les parents. En quoi cela consiste-t-il ? Tout d’abord, il est important pour le ou la professionnel(le) de faire preuve de beaucoup d’écoute pour pouvoir répondre au mieux aux questionnements et inquiétudes des parents. Grâce à leur savoir-faire, ils sont en mesure de leur apporter de précieux conseils. De plus, un nombre grandissant de crèches organise des réunions ou ateliers à thème (alimentation, jeux, massage, etc.) et invitent parents, professionnel(le)s et intervenants pour échanger. Certaines choisissent aussi de mettre en place un journal mensuel avec des conseils ou des témoignages.

Le but n’est pas d’appliquer un modèle parental type, mais de trouver des solutions adaptées à chaque configuration familiale.

Quelle place dans la société pour l’enfant aujourd’hui ?

Depuis la fin du XXe siècle, la place de l’enfant dans la famille et dans la société plus généralement a bien changé. L’enfant n’est désormais plus perçu comme un être inachevé, mais comme une personne à part entière, acteur de sa propre existence, ce qui lui octroie de nombreux droits. Petit à petit, une législation en faveur de l’enfance est bâtie.

En effet, en 2002, le Code civil (article 371-1) a fait apparaître un concept nouveau « d’intérêt de l’enfant ». Selon ce concept, les parents ont pour devoir de satisfaire l’intérêt de l’enfant, plutôt que leurs propres désirs. Par ailleurs, toujours selon le Code Civil, « les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité ». C’est la fin des prises de décisions unilatérales qui s’imposent à l’enfant sans son consentement : l’enfant a désormais son mot à dire ! Avec la loi du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires, l’autorité parentale doit désormais s’exercer « sans violences physiques ou psychologiques ».

En parallèle du domaine du droit apparaissent de nouvelles formes d’éducation basées sur la confiance, l’échange, la discussion. Par exemple, la méthode d’éducation bienveillante (ou éducation positive) connaît de plus en plus d’adeptes en France. Cette forme d’éducation repose sur l’empathie, la coopération, le respect, et bannît toute forme de violence envers l’enfant. L’éducation bienveillante considère l’enfant comme un être humain à part entière, à égalité avec les autres adultes.

Ce que nous pouvons en conclure

Les structures familiales évoluent. La famille nucléaire, bien qu’étant toujours le modèle dominant, fait place à de nombreuses organisations familiales différentes : familles homoparentales, monoparentales, recomposées, etc. Toutes ces transformations sur les façons de vivre en famille et les formes que celle-ci peut prendre engendrent une question essentielle qui paraissait pourtant évidente auparavant : qu’est-ce qu’un parent ? Il est désormais manifeste qu’il existe une différence entre le fait d’être le géniteur d’un enfant, et le fait d’élever cet enfant : il ne suffit pas d’être géniteur pour être parent, et il est possible d’être parent sans être le géniteur.

Les professionnel(le)s de la Petite Enfance doivent désormais s’adapter face à des familles aux configurations familiales totalement différentes, et pouvoir proposer un accompagnement individualisé à chacune d’entre elles. C’est aussi le cas face à l’enjeu que représente le handicap dans la Petite Enfance. Face aux particularités de chaque enfant, l’univers de la Petite Enfance doit savoir évoluer et s’adapter pour pouvoir les accompagner le mieux possible.